Dans l'imaginaire occidental, le Maroc incarne toutes les séductions de l'Orient. Un mythe qui se perpétue de lui-même : il suffit pour cela qu'un voyageur ébloui découvre Marrakech, les mosquées de Rabat et la médina de Fès, ou bien qu'il s'aventure dans le Haut Atlas ou l'immensité du désert.
Comment ne pas comprendre la fascination romanesque que le Maroc a longtemps exercé sur les artistes occidentaux ? Cités impériales, casbahs berbères, somptueuses mosquées, l'ancien protectorat français sait prendre tous les visages d'un Orient ensorceleur. Sa gastronomie, avec les grands classiques et la cuisine de rue, constitue l'un des plaisirs du voyage ; ses cimes enneigées et ses vastes gorges séduisent ceux qui ont envie de découvrir autres choses que les étendues désertiques du Sahara ; ses villes côtières sont autant de havres de repos après la visite de ses inextricables médinas ; enfin, ses cités fortifiées alternent remparts de terre ocre-rouge et portes finement ciselées et dorées.
Oujda, la plus grande ville de l’est du Maroc, est vieille de dix siècles, ce que semblent démentir ses façades modernes. Cette localité détendue semble souvent surprise à la vue de voyageurs étrangers, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Terminus de la ligne ferroviaire, elle est bien reliée au reste du pays et prospérait autrefois grâce à la proximité de la frontière algérienne, qui en faisait un centre prisé des commerçants et des touristes. Lors de la fermeture de la frontière en 1995, l’économie d’Oujda s’est effondrée et peine encore à se rétablir. Il faut espérer que les projets de développement du tourisme le long de la côte méditerranéenne voisine auront des retombées positives pour la ville. Actuellement, son importante université reste le principal moteur de l’économie et de la vie intellectuelle. Bien qu’elle compte peu de sites à visiter, Oujda est une étape plaisante pour se reposer en venant des montagnes du Rif ou avant d’emprunter la longue route vers le sud jusqu’à Figuig et le Sahara.
Sur l’axe principal reliant le Maroc au reste de l’Afrique du Nord, le site d’Oujda a longtemps eu une importance cruciale ; une route romaine le traversait. Comme Taza, il occupait une position clé pour le contrôle de l’Est et fut souvent considéré comme une étape indispensable pour s’emparer du territoire qui l’environne. Fondée au Xe siècle par la tribu Meghraoua, Oujda demeura indépendante jusqu’à ce que les Almohades s’en emparent au XIe siècle. Plus tard, sous les Mérinides, les seigneurs algériens de Tlemcen l’envahirent à plusieurs reprises. Au XVIIe siècle, elle tomba sous la férule de l’administration ottomane installée à Alger. Moulay Ismaïl la reprit en 1687. Oujda resta aux mains des Marocains jusqu’en 1907, quand des forces françaises venues d’Algérie franchirent la frontière et l’occupèrent. Le protectorat ne devait commencer que cinq ans plus tard, mais le sultan ne parvint pas à s’y opposer. Les Français agrandirent la ville, qui par la suite se développa en tant que capitale provinciale et de principaux centres de commerce avec l’Algérie. Son activité industrielle repose sur l’extraction minière, notamment le zinc, que l’on trouve plus au sud.
La médina d’Oujda n’est pas très étendue mais ses remparts et plusieurs places alentour ont récemment été rénovés. Entrez par la porte est, appelée Bab el-Ouahab (porte des Têtes) car on y suspendait les têtes des criminels exécutés, une tradition perpétuée jusqu’au protectorat français. Cette partie de la médina est remplie de stands de restauration (les olives d’Oujda sont très réputées) et de cafés. Animée et plaisante, elle mêle agréablement tradition et modernité. De la place el-Attarine, traversez les souks en direction du nord en passant devant la Grande Mosquée, construite au XIVe siècle par les Mérinides, pour déboucher près de la place du 16 Août, le centre de la ville nouvelle. Sur la place se dressent une tour d’horloge des années 1930 et une jolie mosquée en grès.
Malgré de nombreux bâtiments neufs, les rues du centre conservent beaucoup d’édifices de style colonial et Art déco, souvent délabrés. En longeant le boulevard Mohammed V vers le sud, remarquez la belle banque al-Maghrib, de style néo-mauresque colonial, avant d’arriver à la cathédrale Saint-Louis, aux flèches invariablement occupées par des nids de cigogne.
Largement ouvert sur le littoral atlantique et méditerranéen, le Maroc est relativement isolé du reste du continent africain par la chaîne de l'Atlas, à l'est, et le désert du Sahara, au sud. Au nord, les montagnes du Rif forment une barrière de calcaire et de grès quasi impénétrable. Au sud du Rif, les cimes du Moyen Atlas s'élèvent jusqu'à 3 340 m. La plus haute chaîne montagneuse du pays, le Haut Atlas, s'étire de façon plus ou moins parallèle au Moyen Atlas et culmine au djebel Toubkal (4 167 m). Plus au sud encore, les contreforts de l'Anti-Atlas s'inclinent jusqu'à l'immensité désertique du Sahara, dans lequel se perdent les principaux cours d'eau (oueds) marocains : le Drâa, le Ziz et le Dadès.
Si les températures moyennes sont tempérées à Tanger ou Casablanca (elles avoisinent 12°C en hiver et 25°C en été), le thermomètre monte parfois bien davantage en cours de journée dans le centre du pays : la chaleur est souvent accablante en été à Marrakech, à plus forte raison lorsque soufflent les vents du Sahara (sirocco ou chergui). Sur le littoral atlantique, les températures sont pondérées par les brises marines. Les précipitations sont parfois abondantes dans le Rif et au nord du Moyen Atlas, où seuls les mois d'été sont vraiment secs. Une courte saison des pluies s'étend généralement entre novembre et janvier.
Près de 40 écosystèmes différents, abritant 4 000 variétés de plantes et 400 espèces d'oiseaux, cohabitent au Maroc.
Chênes, pins, acacias, genévriers, cèdres, poiriers et oliviers sauvages sont au nombre des variétés végétales que vous pourrez rencontrer. La faune, plus difficile à observer, comprend des renards, singes magots, sangliers et de nombreuses espèces d'oiseaux (dont les ibis chauves, en voie d'extinction, et des espèces rares d'oiseaux sauvages africains) et mammifères marins, comme les dauphins et les marsouins.
Le Haut Atlas présente la plus grande diversité avec ses chênes-verts, thuyas, pins d'Alep. Ses pentes sont le domaine des gazelles des montagnes et des mouflons, mais aussi des gypaètes barbus, des aigles royaux et des léopards du Maroc, très rares. Macaques, lynx, genettes nocturnes, renards roux et putois sont relativement fréquents dans l'Anti-Atlas. Le désert abrite pour sa part des fennecs, gerboises, serpents, scorpions et de nombreux insectes.
Une trentaine de parcs nationaux et de réserves naturelles permettent d'observer à loisir les oiseaux qui nichent au Maroc. Les régions les plus réputées pour l'observation ornithologique sont l'oued Loukkos (canards et échassiers), la lagune de Merja Zerga (oiseaux d'eau, échassiers, flamants.), le parc national de Sous-Massa (fuligules milouins, flamants, ibis chauves), le lac de Sidi Bourhaba et le Dayet Aoua.
La majorité des coutumes marocaines ont une origine religieuse. À la naissance d'un enfant, les premiers mots qu'on lui adresse sont ceux de l'appel à la prière. Une semaine plus tard se tient une cérémonie au cours de laquelle on rase la tête du bébé et on sacrifie un animal. Le moment le plus important de l'enfance des garçons est la circoncision, pratiquée entre 7 et 12 ans.
Les cinq prières quotidiennes donnent lieu à un rituel durant lequel les fidèles doivent tout d'abord faire des ablutions (ou en mimer les gestes s'il n'y a pas d'eau disponible à proximité), avant de se tourner vers La Mecque, de se prosterner et de prier.
La consommation d'alcool et de viande de porc (considérée comme impure) sont prohibés par l'islam. Les musulmans doivent également éviter la fraude, l'usure, la calomnie et les jeux d'argent.
Les Marocains sont beaucoup moins pressés que la plupart des Occidentaux ; essayez de vous couler dans le rythme du pays !
L'arabe est la langue officielle au Maroc, mais le français et – dans une moindre mesure – l'espagnol restent pratiqués. Les trois principaux dialectes berbères sont parlés dans le Rif et les montagnes de l'Atlas.
L'arabe marocain (darija) découle de l'arabe classique. Il diffère tellement de l'arabe moderne standard qu'il est difficilement compréhensible du reste du monde arabe. La prononciation de l'arabe se caractérise notamment par l'utilisation des diphtongues aw("aou"), ai ("aï") et ei ay
(comme dans "faïence"). Trois consonnes sont particulièrement complexes à prononcer pour le profane. Il s'agit de l'occlusive sourde ou coup de glotte ('), et des sons ayn (fricative sonore) et rayn ("gh"). Si on s'adresse à un homme, la politesse veut que l'on dise asîdî (ou sî suivi du nom), équivalent approximatif de monsieur. Pour parler à une femme, on utilise lalla, suivi de son prénom.
La transcription de l'alphabet arabe en alphabet romain n'obéit pas à des règles rigoureuses.
Voici quelques mots et expressions utiles :
Les dynasties marocaines successives ont laissé au pays un exceptionnel patrimoine architectural religieux. La splendide salle de prière hispano-mauresque de la mosquée Karaouine, à Fès, date de l'époque almoravide (XIe-XIIe siècle). Le style arabo-andalou atteignit son apogée avec les Almohades (XIIe-XIIIe siècle), à qui l'on doit la célèbre mosquée de la Koutoubia à Marrakech, et son ancien minbar (chaire) incrusté d'argent et d'ivoire. Yacoub al-Mansour fit par la suite achever la casbah de cette même ville et ériger la grande muraille qui ceint la ville de Rabat. L'époque mérinide (XIIIe-XVe siècle) vit des mosquées sortir de terre à Fès, Marrakech, Meknès et Salé, ainsi que de nombreuses médersas (écoles coraniques). Le sultan Moulay Ismaïl fut le plus prolifique des Alaouites, la dynastie établie en 1666 qui règne encore actuellement. Il dota son empire de casbahs et se fit bâtir un somptueux palais à Meknès. Les villes d'Agadir, d'Essaouira, de Safi et d'El-Jadida (l'ancienne Mazagan) possèdent pour leur part des vestiges d'architecture militaire européenne. Enfin, le roi Hassan II fit réaliser entre 1988 et 1993 la grande mosquée qui porte son nom à Casablanca. Conçue sur les plans de l'architecte français Michel Pinseau, elle peut accueillir jusqu'à 25 000 fidèles.
La cuisine marocaine est l'une des plus riches et savoureuses qui soient. Les Bédouins ont introduit les dattes, le lait et le pain. Les Maures ont apporté les ingrédients de la cuisine andalouse (olives, huile d'olive, noisettes, amandes, fruits et herbes aromatiques), tandis que les Arabes ont enrichi cette gastronomie de la saveur des épices, comme le ras el-nahout, subtil mélange utilisé pour relever les tajines.
L'influence berbère se retrouve dans les plats les plus répandus. Le plus connu est le couscous, où se côtoient les saveurs de la semoule cuite à la vapeur, de la viande, de légumes parfumés et d'un condiment épicé, la harissa. Les délicieux tajines sont des ragoûts de viande parfumés aux herbes aromatiques et longuement mijotés dans des plats en terre cuite. Il en existe une infinie variété. Poulet-citrons confits et agneau-pruneaux-amandes en sont les variantes les plus courantes. Le méchoui est un agneau (ou un veau) rôti entier, qui cuit lentement à la broche. Autre spécialité berbère, la harira est une soupe roborative à base de tomates, d'oignons, de safran et de coriandre fraîche, souvent agrémentée de lentilles, de pois chiches et d'agneau. Elle est traditionnellement servie pour rompre le jeûne, lors du ramadan. La pastilla est certainement l'un des plats les plus raffinés de la cuisine marocaine. Il s'agit d'une tourte sucrée-salée composée de ouarka (brick ou couches de pâte très fines) couvertes de morceaux de pigeon ou de poulet.
Le choix de pâtisseries est très vaste : elles sont en général à base de miel, d'amandes, de cannelle et de fleur d'oranger, et délicieuses accompagnées d'un thé à la menthe.
Les manifestations annuelles religieuses – les plus importantes – sont régies par le calendrier lunaire, plus court que le calendrier grégorien de 11 jours. Il s'agit de Ras as-Sana (Nouvel An de l'hégire), du Moulid an-Nabi (naissance du Prophète) et du ramadan (mois de jeûne). Il se conclut par la fête de l'Aïd el-Fitr et de l'Aïd el-Adha (sacrifice rituel d'un mouton).
De nombreuses fêtes (les moussem et les amouggar) rythment les saisons, en particulier chez les Berbères. Parmi les plus importantes figure le moussem de Sidi ben Aïssa, qui se tient en février au mausolée du saint soufi à Meknès. En août, le plus grand moussem du pays se déroule dans la bourgade de Moulay Idriss, qui s'anime de fantasias. Des moussem ont également lieu à Setti Fatma, au sud-est de Marrakech, et à Ouarzazate, chaque année en août. Dans le village d'Imilchil, au Moyen Atlas, en septembre, les jeunes Berbères cherchent un parti durant le fameux moussem de mariage.
Côté musique, le Maroc n'est pas en reste. En juin, le Festival gnaoua et de musique du monde a lieu à Essaouira, tandis que Fès accueille le Festival des musiques sacrées du monde. En décembre, à Marrakech, le festival internatioinal du film voit défiler sur le tapis rouge de stars du monde entier.
Nouvel An (1er janvier), manifeste de l'Indépendance (11 janvier), fête du Travail (1er mai), fête du Trône (30 juillet), allégeance au Wadi Eddhahab (14 août), révolution du roi et du peuple (20 août), fête de la Jeunesse et anniversaire du roi (21 août), anniversaire de la Marche verte (6 novembre), fête de l'Indépendance (18 novembre)