Imaginez l’audace qu’il fallut pour construire une ville aux palais de marbre sur une lagune... Et ce n’était que le début de l’histoire.
Qui aurait pu penser que la minuscule Venise, née des alluvions boueuses de sa lagune, allait rivaliser un jour avec la glorieuse Constantinople ? Personne, assurément, jusqu'à ce que l'Histoire en décide autrement. Plusieurs siècles après la fin de son âge d'or, la Sérénissime est toujours un mythe et ne finit pas de surprendre. La ville, il faut le dire, n'a rien perdu du talent commercial qui fit jadis la richesse de ses grandes familles : au commerce maritime, elle préfère désormais la manne du tourisme. Mais ne boudons pas notre plaisir : même très fréquentée à certains moments de l'année, Venise reste une cité unique au monde.
Si ses détracteurs trouvent la place Saint-Marc trop touristique (ce qui est vrai) et trop fréquentée par les pigeons (ce qui est tout aussi vrai), il n'en demeure pas moins que la plus célèbre place de la cité des Doges abrite l'un des joyaux architecturaux de la ville : la basilique Saint-Marc. Mélange unique des styles roman, gothique et Renaissance dominés par le style byzantin, la basilique fut embellie et remaniée cinq siècles durant jusqu'à atteindre le résultat visible aujourd'hui. Ses plans d'origine s'inspiraient de l'église des Saints-Apôtres de Constantinople.
Elle se caractérise par son plan en croix grecque, ses cinq dômes et ses exceptionnelles mosaïques. Devant, la gigantesque place Saint-Marc, rectangulaire, est dominée par le Campanile. Sous ses arcades se trouvent nombre de cafés, dont les célèbres Caffè Quadri et Caffè Florian, à la terrasse desquels les musiciens se succèdent. La place Saint-Marc est l'un des lieux les plus animés de la cité des Doges, surtout durant le carnaval.
Érigé au IXe siècle, le palais des Doges fut la résidence du Doge et le cœur politique de Venise durant la majeure partie de la République. C’est un magnifique exemple du gothique flamboyant. Outre son intérêt historique, la visite du palais permet d’admirer quelques chefs-d’œuvre incontournables de l’architecture et de la peinture : la Scala d’Oro (escalier d'Or) dessinée par Jacopo Sansovino, ainsi que Le Paradis, fresque réalisée par Domenico, fils du Tintoret, et Le Triomphe de Venise de Véronèse, dans la Sala del Maggior Consiglio, entre autres.
Ce musée conserve la plus importante collection d’art vénitien classique, soit d’innombrables œuvres datant du XIVe au XVIIIe siècle. On peut y admirer les œuvres et chefs-d’œuvre de tous les grands noms de la peinture : Bellini, Carpaccio, Cima da Conegliano, Giorgione, Véronèse, Titien, le Tintoret...
Le Grand Canal traverse Venise de part et d'autre jusqu'à la gare ferroviaire. Avec un parcours de 3,5 km longeant quelque 50 palais, six églises et d’autres monuments, le vaporetto n°1 est le mode de transport en commun le plus agréable pour le découvrir. Vous dépasserez le palais des Doges (Palazzo Ducale), dont les façades gothiques datent du IXe siècle, avant de longer la Piazzetta San Marco, au-dessus de laquelle se dressent les deux colonnes décorées des emblèmes des saint patrons de la ville, notamment le lion ailé de saint Marc.
Dépassant sur la gauche l'église Santa Maria della Salute, qui ferme l'extrémité sud du canal, le vaporetto poursuit son chemin jusqu'au Ponte dell'Accademia , particulièrement bien intégré à l'ensemble malgré sa construction tardive (1930). Une succession de palais - Ca' del Duca, P alazzo Malipiero, P alazzo Grassi, Palazzo Contarini, Palazzo Mocenigo, Palazzo Soranzo... - mène ensuite à l'un des plus étonnants monuments de la ville : le pont du Rialto, érigé à la fin du XVIe siècle sur les plans de l'architecte Antonio Da Ponte. Un ouvrage d’art controversé achève le parcours : le Ponte di Calatrava, pont ultramoderne de verre et d’acier, encensé par certains et fustigé par d'autres. Le vaporetto n°1 circule environ toutes les dix minutes en journée.
Au-delà de la visite de ses hauts lieux culturels, Venise mérite que l'on prenne le temps de s'imprégner de l'atmosphère particulière de ses ruelles jalonnées de canaux. Sitôt dépassées les frontières des secteurs les plus fréquentés (la place Saint-Marc, le pont du Rialto et les rues séparant les deux), la cité des Doges révèle en effet un visage paisible, seulement troublé par le mouvement lent et silencieux des gondoles. Se perdre au hasard des ruelles est l'occasion de découvrir une autre Venise, rendue mystérieuse par l'aspect tortueux des lieux, la faible lueur des éclairages et les ombres s'échappant des recoins des façades baroques...
La première cathédrale de Venise, de style vénéto-byzantin, fut fondée au VIIe siècle. C’est un magnifique exemple de sobriété et l’un des plus anciens bâtiments de la ville ayant conservé son apparence originelle romane-byzantine. L’intérieur est orné d'exceptionnelles mosaïques byzantines, représentant notamment le Jugement dernier (mur ouest) et une Vierge à l’Enfant (partie supérieure de l’abside centrale).
Torcello, la plus éloignée des îles de la lagune, est accessible en vaporetto, en moins d'une heure depuis Venise.
Cette paisible petite île aux maisons colorées est l'occasion de s'extraire quelques heures de la cohue de la cité des Doges. L'histoire rapporte que les pêcheurs de Burano peignaient leurs façades de couleur vive pour le simple plaisir de la voir depuis le large lorsqu'ils rentraient au port. La dentelle produite sur cette minuscule île de la lagune était naguère réputée dans toute l'Europe. Outre la quiétude de ses agréables jardins, Burano mérite un détour pour son musée de la Dentelle.
Le vaporetto LN rejoint l'île en une quarantaine de minutes depuis Venise.
La cité de Venise s'étend au nord-est de la péninsule italienne, face à la Slovénie et à la Croatie. La ville est bâtie au milieu d'une lagune totalisant plus d'une centaine d'îles et d'îlots. Outre Venise en elle-même, les plus importantes sont le Lido, Pellestrina, Murano, Burano et Torcello. Fermée par un étroit cordon de terre, la lagune s'est formée grâce à la rencontre de la mer Adriatique et de courants d'eau douce en provenance de plusieurs rivières alpines, et notamment de la Brenta. La main de l'homme a ensuite modifié ce paysage né des alluvions naturelles. Les contours de l'île de Venise (qu'un pont routier relie au continent) ont été façonnés pour une large part par les Vénitiens eux-mêmes, qui n'ont eu de cesse d'étendre leur zone habitable en créant des plateformes soutenues par des piliers de bois ancrés dans la lagune. Un important réseau de canaux sillonne l'ensemble de la ville.
L'été, qui correspond à la saison haute, est paradoxalement la période la moins favorable à un voyage à Venise : les températures atteignent une moyenne de 27°C et l'humidité, comme la pollution, sont importantes. En automne, les températures sont douces, les tarifs plus bas et les touristes peu nombreux. La fraîcheur et le calme sont au rendez-vous en hiver. La neige fait figure de (belle) exception. Le printemps est agréable, mais il pleut abondamment en mai et en juin.
Si le vénitien reste plus ou moins parlé et compris, à des degrés divers, par la population de Venise, ce dialecte doté d'un vocabulaire et d'un accent propres est maintenant peu usité. Vous entendrez plutôt l'italien dans les rues de la cité des Doges.
Les mots et expressions suivants pourront vous être utiles :
bonjour : buongiorno
au revoir : arrivederci
salut : ciao
oui : sì
non : no
s'il vous plaît : per favore
merci (beaucoup) : grazie (mille)
excusez-moi : mi scusi
Parlez-vous français ? : parla francese ?
quand ? : q uando ?
où ? : dove ?
Je voudrais aller à... : voglio andare a... hôtel/pension : albergo/pensione restaurant : ristorante petit-déjeuner : prima colazione déjeuner : pranzo dîner : cena
Combien ça coûte ? : quanto costa ?
office du tourisme : ufficio di turismo
avion : aereo
bus : autobus
train : treno
bateau : nave
À quelle heure part... ? : a che ora parte... ?
Décrire en quelques mots les trésors artistiques de Venise relève de la gageure. Les Vénitiens de l’âge d'or de la cité des Doges accordèrent notamment une large place aux arts. Venise commença à attirer les artistes dans la première moitié du XVe siècle.
Paolo Veneziano (vers 1300-1362), le premier grand nom de la peinture vénitienne, resta largement prisonnier des canons byzantins alors dominants à Venise. Jacopo Bellini (vers 1396-vers 1470) et surtout ses fils Giovanni (1432-1516) et Gentile (1429-1507) s’affranchirent quant à eux du style gothique et adoptèrent celui de la Renaissance. Le Cinquecento (XVIe siècle) reste le siècle des grands maîtres : Vittore Carpaccio (1460-1526), Titien (vers 1490-1576), le Tintoret (1518-1594) et Véronèse (1528-1588). Désormais, la création artistique vient surtout de l’extérieur, avec pour points forts la Biennale internationale d’art contemporain et La Mostra, qui demeure l’un des grands rendez-vous internationaux du 7e art.
Venise perpétue la tradition du carnaval (carnevale) depuis le XVe siècle. Cette manifestation, qui se déroule chaque année pendant les dix jours précédant le Mercredi des Cendres, a suivi l'évolution de la ville : elle fut fastueuse lors des grandes heures de la Sérénissime, licencieuse au XVIIIe siècle (on raconte que le carnaval durait alors deux mois au cours desquels la ville se livrait à la plus parfaite débauche) et censurée sous Mussolini, qui interdit le port des masques en public. En 1979, le carnaval put renaître et prendre sa forme actuelle.
Les festivités débutent par la procession de la Festa delle Marie (fête des Marie), qui précède l'ouverture officielle du carnaval le samedi. Celle-ci est marquée par un défilé de masques et de costumes au départ de la place Saint-Marc. Le grand bal masqué du vendredi soir suivant constitue l'apogée de cette semaine de réjouissances, que clôt la parade du roi du carnaval. Point d'orgue de la saison touristique (la ville atteint alors sa fréquentation maximale), le carnaval de Venise est surtout célèbre pour les masques décorés que revêtent ses participants.
Venise est une véritable “ville-musée” : le moindre bâtiment est un monument. L’architecture illustre parfaitement l’histoire singulière de la cité des Doges. Les édifices les plus anciens sont ainsi de style “vénéto-byzantin”. La cathédrale de Santa Maria Assunta, sur l'île de Torcello, et la basilique Saint-Marc, célèbre pour ses exceptionnelles mosaïques, sont les deux plus beaux exemples de cette rencontre entre Orient et Occident. Le palais des Doges est l’archétype du gothique vénitien, soit le gothique fleuri ou flamboyant. Comme c’est souvent le cas à Venise, le palais a subi différents ajouts et est donc aujourd’hui un mélange de styles. Durant la Renaissance, trois architectes majeurs enrichirent Venise de leurs chefs-d’œuvre : Jacopo Sansovino (1486-1570), Michele Sanmicheli (1484-1559) et Palladio (1508-1580). L'église San Giorgio Maggiore est l’œuvre la plus célèbre de ce dernier.
Profitant d'une clientèle captive attirée davantage par les monuments, les ruelles et les canaux de la ville que par les plaisirs de la table, nombre de restaurants de Venise servent une cuisine sans grande originalité à des tarifs "touristiques". Fruits de mer, sardines marinées et autres cicheti (tapas vénitiennes) sont préparés avec plus ou moins de bonheur dans tous les établissements de la ville, tout comme les plats italiens habituels : risotto, pâtes (dont les bigoli alla busara – sorte de spaghettis aux calamars typiquement vénitiens). Pourtant, Venise compte quelques bonnes spécialités : le carpaccio de bœuf, les pâtes à l'encre de seiche, la polenta et le foie de veau aux oignons, entre autres. La cité abrite quelques marchés, dont celui du Rialto, fameux, où les embarcations déchargent chaque matin leurs lots de marchandises.
Nouvel An (1er janvier), Épiphanie (6 janvier), Vendredi saint (mars/avril), Lundi de Pâques (mars/avril), Jour de la Libération (25 avril), Fête du Travail (1er mai), Fondation de la République italienne (2 juin), Assomption (15 août), Toussaint (1er novembre), Immaculée Conception (8 décembre), Noël (25 décembre), Saint-Étienne (26 décembre)